Patrimoine canadien

Vignettes historiques

Monsieur Lude : portrait d'un bûcheron heureux

Depuis bien des lunes, Élude Landry, mieux connu sous le nom de Monsieur Lude, se lève à 5h30 chaque matin. Il prend son petit déjeuner pour ensuite se rendre en forêt où lui et deux de ses garçons, Luc et Marc, préparent le bois de chauffage qui servira à chauffer les demeures environnantes durant les mois d'hiver. Âgé de 84 ans, Monsieur Lude a non seulement du vécu, mais aussi de la suite dans les idées. Quand vient le temps d'aller en forêt, beau temps mauvais temps, il est toujours fidèle au poste. Même si sa vie de travailleur forestier n'a pas toujours été facile, il la raconte avec un oeil étincelant. « Je vais fendre du bois à tous les jours, je ne perds pas une journée »1, insiste-t-il fièrement.

Habitant Riceville depuis son enfance, Monsieur Lude a hérité de la maison familiale de son père. Il raconte que beaucoup de gens se sont assis au bout de la table de cuisine des Landry, et que beaucoup le feront encore. Quelques-uns se verront même offrir un petit verre de « bagosse » à l'occasion. Accueillant, il a toujours le temps de jaser avec les gens tout en prêchant les bienfaits du travail en plein air, ce qui, à son avis, le garde toujours en vie.

Quand on était petits, on allait souvent dans le bois avec notre père. Dans ce temps-là, on travaillait pas vraiment, mais on pouvait quand même l'aider à corder du bois de chauffage. C'est vers l'âge de 17 ou 18 ans que j'ai décidé d'aller travailler dans le bois, on passait l'hiver au chantier et on revenait juste après la Toussaint, autour du 15 de mars. On vivait avec une cinquantaine de gars dans ces camps-là, surtout des bûcherons et une couple de cooks, on gagnait 250 $ par hiver dans ce temps-là. J'ai travaillé deux hivers dans les « concessions des Crocs » à Saint-François pour ensuite aller travailler un hiver à Val d'Or et un autre à Saint-Pamphile, là on était deux cent cinquante gars, avec huit cooks. Il fallait marcher 3 milles le matin pour aller bûcher et 3 milles le soir pour revenir au camp. On devait apporter notre lunch le midi et se déplacer en crew de 10 hommes, question de sécurité.2