D'autre part, cette même industrie voit ensuite monter les tensions politiques « frontalières », dû à l'ambiguïté des traités relatifs aux frontières du Maine et du Nouveau-Brunswick. Les bûcherons du Maine et du Nouveau-Brunswick ne font alors aucune distinction territoriale et coupent le bois se trouvant des deux côtés de la frontière. Suite à cela, chacun voudra récupérer ce que l'autre a coupé sur « son territoire », menant ainsi à la question du respect de la frontière internationale.6 Une situation bien particulière au Madawaska, région unie et divisée à la fois, tel que l'expliquait Oneil Clavet, d'Edmundston dans une entrevue accordée au magazine National Geographic en septembre 1980.
Je dirais que c'est lié au fait que les Madawaskayens ont dû vivre si longtemps sans savoir s'ils appartenaient aux États-Unis ou au Canada. (...) Pendant 59 ans cette zone fût sujette à des disputes frontalières à cause de l'imprécision du Traité de Versailles de 1783. C'est seulement avec le Traité Ashburton-Webster de 1842 que les habitants de la vallée pourront se déclarer une identité.7
À l'époque, les ressources forestières exploitées au Nouveau-Brunswick, et par le fait même au Madawaska, répondaient à la demande de l'industrie de la construction navale, tout d'abord en Grande-Bretagne puis ensuite à Saint-Jean. Le pin blanc, retrouvé en abondance dans la vallée du fleuve Saint-Jean, est alors des plus recherchés et sert à la production de mâts de navires. Encouragée par des tarifs protectionnistes, cette industrie se développe à un rythme prodigieux.