Les conteurs d'antan étaient plutôt des hommes, ces derniers exerçant diverses professions : colonisateurs, agriculteurs, bûcherons et draveurs, colporteurs, « quêteux » ou commerçants, voire encore, exerçant plus d'un métier à la fois.10 Ils étaient toujours, ou presque toujours, prêts à relater certaines histoires, voire même, à fredonner quelques airs pour distraire leur auditoire.
Un bon conteux d'histoire c'était pas à tous les soirs qui pouvait conter une histoire. J'ai vu des fois y en a qui i demandaient de conter un conte, i disait « à soir ça me tente pas, j'ai pas ça dans le bras », Ça dépendait des fois comment qui filait. La i les invitait un autre soir, « un autre soir je filerai pour vous en conter ». Ça dépend comment qu'un homme file.11
Il est à noter que la plupart des conteurs ont fait leurs débuts dans les chantiers, (voir vignette historique # 3) soit durant les soirs de semaine ou encore le dimanche, jour de repos pour les bûcherons. Le conteur était soit un bûcheron ou un cuisinier qui travaillait déjà avec les hommes du chantier, ou encore était embauché par un exploitant forestier pour distraire ses travailleurs à l'occasion. Cela faisait partie de la vie des chantiers, et le conteur servait à 'désennuyer' les bûcherons. On raconte même que certains bûcherons auraient même fait la grève après que le patron ait congédié leur conteur dans le but d'épargner quelques dollars.12
Tous mes témoins-conteurs ont fait leurs débuts comme conteurs dans les chantiers. Ils s'étaient exécutés soit seuls, en présence de jeunes de leur âge ou en famille, mais jamais devant un auditoire habitué à entendre beaucoup de contes et qui aurait été en mesure de pouvoir juger de leur talent. Il fallait être bien préparé si on ne voulait pas « manquer son coup ». (...) Quant j'ai commencé à sortir, à aller aux chantiers, là je les savais, on était prêt à conter.13