En hiver, les bûcherons se servaient surtout de chevaux et de traîneaux pour transporter les billots du lieu de coupe aux cours d'eau. Ils les acheminaient ensuite vers les moulins lors du dégel au printemps, et ce, bien souvent sur de longues distances en effectuant la « drave ».10
La valeur des forêts situées au Nord du Maine (et par le fait même au Nord-ouest du Nouveau-Brunswick), particulièrement durant la période de colonisation, dépendait d'une panoplie de facteurs naturels liés entre eux, comme le climat, la topographie et le courant des rivières, tous étant cruciaux au transport des billots vers les marchés.11
La drave se faisait au printemps, suite à la fonte des glaces. Plusieurs bûcherons se transformaient alors en « draveurs » et sillonnaient fleuve et rivières d'eau glacée armés simplement d'une perche et de leur sang froid. Ce travail était des plus dangereux et demandait plus d'une once de courage de la part de ces travailleurs qui vivaient une routine tout autre que celle des chantiers.
Une fois les arbres coupés, ébranchés et transportés aux lindaines, il fallait scier et corder les billots de bois. Ensuite, il ne restait plus qu'à attendre le dégel et la crue des rivières, pour que la drave se mette en branle. Les billots étaient poussés à l'eau dans les slooses et suivaient le courant. Les draveurs devaient diriger les billots avec des pôles ou des peavies, prévenir ou défaire les jams de bois, conduire les billots jusqu'aux booms du moulin, sans en perdre aucun. Chaque section d'une rivière avait son crew de draveurs et sa cabane flottante servant de cuisine.12